Comme si de rien n’était...

Charles Guillocher, Joan Vidal Andres
mars 2012

All rights reserved — CC BY-NC-ND
Work-name : « Hypertexte ».

bleuOrange

Le soleil baissait. La chaleur annonçait l'orage ; ils étaient restés attablés devant leur café. Les ombres douces et allongées des vestiges du repas glissaient entre les miettes et les pelures de fruit, dont les senteurs exaltées par l'air lourd agitaient le bourdon des moucherons.

Paul observa dans les yeux d’Elsa cette lueur étrange qu’il affectionnait tant.

Paul s’oublia dans les grands yeux d’azur d’Elsa, comme il se plaisait à le faire si souvent.

Il lui passa la main dans les cheveux. Au niveau de ses tempes, il laissa traîner son pouce sur ses joues endolories. Elsa baissa les yeux, la bouche crispée par la peur.

Il lui glissa la main dans sa chevelure d’or. Au niveau de ses tempes, il caressa ses joues veloutées de sa main ferme. Elsa baissa les yeux de timidité, un sourire en coin accroché à sa bouche.

Paul rompit le silence :
— Pourquoi baisses-tu les yeux ? Suis-je si intimidant que ca ?
Il sourit devant son silence, puis reprit :
— Tu portes tellement de choses dans tes yeux.
Il marqua une pause.
— Regarde-moi, lâcha-t-il sur un ton plus grave.

Paul rompit le silence :
— Pourquoi baisses-tu les yeux ? Suis-je si intimidant que ca ?
Il sourit devant son silence, puis reprit :
— Tu portes tellement de choses dans tes yeux.
Il marqua une pause.
— Regarde-moi, lâcha-t-il sur un ton plus grave.

Le jeune architecte releva le menton d’Elsa à l’aide de ses doigts creusés et rabougris. Transi par la profondeur de ses yeux alors offerts, il se projeta dans les heures à venir. Elle serait comme les autres : impuissante, vulnérable, fragile. Pour l’instant, il prenait son temps. C’est ce qu’il préférait prendre son temps, et sentir monter la panique dans les yeux de ses victimes.

Le jeune architecte releva avec douceur le menton potelé d’Elsa à l’aide de son index. Transi par la profondeur de ses yeux alors offerts, il se projeta dans l’avenir. Dans son avenir. Ou plutôt leur avenir. Il y voyait une maison en Provence, les enfants courant dans le jardin avec à leur trousse Melba, leur labrador miel, entourés par le chant amoureux des cigales. Il prenait son temps à la dévorer du regard. C’est ce qu’il préférait la dévorer du regard, et sentir gonfler ses sentiments dans sa poitrine.

La jeune femme se sentait faible. Plus rien ne semblait pouvoir la sauver. Je suis foutue, cogitait-elle. Elle ne pourrait pas retenir ses larmes longtemps. Tremblante, elle tenta de rassembler son courage, de se persuader qu’elle était encore forte.

La jeune femme se sentait belle, désirée et désirable quand elle était avec Paul. Rien ne semblait pouvoir s’opposer à leur histoire. Je suis amoureuse, se ressassait-elle. Heureuse comme elle l’était, elle ne pourrait pas retenir ses larmes longtemps. Tremblante, elle tenta de rassembler son courage, de recouvrir son calme et de continuer à badiner.

— Et alors ? Qu’est-ce que tu vas faire de moi maintenant ? Y en a eu beaucoup avant moi ?, lâcha-t-elle avec une détermination dont elle-même s’étonna.
— Quelques-unes, oui. Mais toi, je ne sais pas encore quoi faire de toi, précisa-t-il en même temps qu’un sourire naissait au coin de sa commissure droite.

— Et alors ? Qu’est-ce que tu vas faire de moi maintenant ? Y en a eu beaucoup avant moi ?, lâcha-t-elle avec une détermination dont elle-même s’étonna.
— Quelques-unes, oui. Mais toi, je ne sais pas encore quoi faire de toi, précisa-t-il en même temps qu’un sourire naissait au coin de sa commissure droite.

Il fit le tour de la table, s’approcha d’elle et vérifia que les liens qui maintenaient ses poignets noués dans son dos étaient toujours intacts. Une fille avait failli lui échapper un jour comme ça. Elle l’avait payé cher, d’ailleurs. Depuis, il trouvait des proies plus faciles.
Cela faisait plusieurs mois qu’il épiait Elsa. Elle était frêle. Il adorait ses petites épaules frêles. Alors, il tira doucement sur le col de son t-shirt blanc jusqu’à faire apparaître la naissance de son épaule gauche. Il vint y déposer ses lèvres. Elle essaya de s’y dérober en gesticulant, mais en vain : elle ne pouvait rien faire.

Il fit le tour de la table, s’approcha d’elle et vérifia dans ses yeux qu’il pouvait mettre ses mains sur ses hanches. Au sourire mutin qu’elle affichait, il n’hésita pas à s’éxécuter.
Avant d’avoir le courage de l’aborder, cela faisait plusieurs mois que Paul épiait Elsa, ses gestes, ses expressions, son corps. Elle était fine. Il adorait ses petites épaules fines. Alors, il tira doucement sur le col de son t-shirt blanc jusqu’à faire apparaître la naissance de son épaule gauche. Il vint y déposer ses lèvres. Elle voulût s’y dérober, mais en vain, elle était amoureuse : elle ne pouvait rien faire.

Devant sa rébellion, il se recula. Leurs regards s’affrontèrent. D’un geste violent, il la gicla de sa chaise, l’allongea sur l’herbe et l’immobilisa, à califourchon sur ses hanches. Il lui arracha son t-shirt. Elsa secouait la tête, criait, appelait à l’aide entre deux respirations. Sans que Paul n’eût besoin de se retourner, sa main gauche fouilla la surface de la table pour y trouver une serviette qu’il fourra sans précaution dans la bouche de sa victime.

Après son baiser, il se recula. Leurs regards se sondèrent. D’un geste affirmé, il la délogea de sa chaise, l’allongea sur l’herbe et l’immobilisa, à califourchon sur ses hanches. Il lui ôta délicatement son t-shirt. Elsa tourna la tête de pudeur, un sourire gêné aux lèvres. Sans que Paul n’eût besoin de se retourner, sa main gauche fouilla la surface de la table pour y trouver une serviette qu’il glissa précautionneusement sous les cheveux de sa tourterelle.

Il s’arrêta un instant comme pour profiter de ce silence étouffé. Son visage s’apaisa, avec ce même sourire équivoque aux lèvres.
Elle avait paniqué déjà assez pour le contenter.
D’un coup, son regard s’enfiévra et son corps devint frénésie. Il rua sa bouche sur son buste. La petite blonde se débattait, gémissait. Il se fît plus ferme et agripa sa taille avec ses mains pendant qu’il parcourait son ventre de ses lèvres. Puis il lui déboutonna le jean. D’un geste sec, il se saisit de la taille de son pantalon et le retrancha jusqu’au genou. Elsa redoubla de résistance ; elle était trop bien ligotée.
Des larmes coulaient des yeux d’Elsa, veinés par la douleur et l’impuissance.

Il s’arrêta un instant comme pour profiter de ce silence magistral. Son visage était apaisé, avec cette même moue de bienveillance. Elle l’avait déjà rempli de bonheur comme aucune autre femme ne l’avait fait auparavant.
Son regard s’alluma et son corps devint désir. Il s’approcha avec lenteur de son buste. La petite blonde ferma les yeux et laissa échapper quelques souffles courts. Il se fît plus ferme et agripa sa taille avec ses mains pendant qu’il parcourait son ventre de ses lèvres. Arrivé à la ceinture, il s’occupa posément du bouton de son jean. D’un geste calme et lascif, il se saisit de la taille de son pantalon et le fit glisser délicatement jusqu’au genou. Elsa se laissa faire ; elle était trop bien amoureuse.
Des larmes coulaient des yeux d’Elsa, de joie ou de plaisir, elle ne se souvient plus.


Il s’affaira pendant 10 minutes.
10 longues minutes durant lesquelles elle aurait préféré s’évanouir. 10 minutes de calvaire, à subir, impuissante et sans défense.
Il se retira, le regard satisfait et le sourire large. Pourtant, il appréciait moins cet instant où les cheveux en bataille collaient à leurs joues humides ; les lèvres encore tremblantes, parcourues par des spasmes aléatoires, et les yeux clos de détresse. À ce stade, il avait remarqué qu’elles devenaient toutes muettes, immobiles. Inertes.
Il ferma sa braguette en se relevant et commença à la rhabiller. Il sortit un t-shirt de coton blanc qu’il lui enfila grossièrement. Il la releva d’abord, sa chaise ensuite. Il la fit asseoir, face à la table. Comme si de rien n’était...


Ils s’affairèrent pendant deux heures.
Deux longues heures pendant lesquelles elle crut maintes fois s’évanouir. Deux heures de plaisir intense, brut, nouveau.
Ils restèrent enlacés, le regard satisfait et le sourire large. Paul appréciait cet instant où les cheveux en bataille collaient à ses joues humides ; les lèvres encore tremblantes, parcourues par des spasmes aléatoires, et les yeux clos d’extase. Ils étaient devenus muets, immobiles. Inertes d’ivresse.
Puis, plus tard, ils se rhabillèrent. Il lui fit enfiler son t-shirt de coton blanc et vérifia à deux fois qu’il lui tombait bien. Il lui releva alors sa chaise. Elle s’assit, face à la table.
Ils étaient changé. Seule la nature autour ne semblait avoir pris acte de leur union. Comme si de rien n’était...