Une baie.
Un bai.
La baie.
La bête.
Aux abords d'une étendue d'eau salée qui borde et creuse le littoral, qui déforme la rive, plus grande que la crique, mais plus petite que le golfe qui s'étire jusqu'à la terre boisée relevée d'arbres et de buissons où bourgeonnent des fruits rouges presque bleus, et quelques magnolias aussi, un animal d'un rouge presque brun, d'une robe rouge presque brune, coiffé d'une couronne pourpre à peine plus foncée que la baie, de biais, retourné pour faire face à ses traqueurs.
Presqu'entourée de montagnes, sans que la fuite ne soit possible, sur le quai, entre le guideau de l'ancre et la poupe, une plainte s'échappe sur la baie qui lui fait écho.
Aucun endroit en Nouvelle-Écosse n'est situé à plus de 50 kilomètres de la mer.
Des milliers de kilomètres de littoral partagés par d'innombrables îles, caps, estuaires côtiers et anses entourent presque entièrement la province, lui léguant ainsi un caractère distinct. Plus des trois quarts de la population de la Nouvelle-Écosse habite à moins de 10 kilomètres de l'eau salée. Les paysages, les sons et les odeurs de la mer, des marais et des plages imprègnent l'esprit des habitants. Il n'existe aucun phénomène en lien avec la mer qui est aussi familier et aussi saillant que l'essor et le déclin de la marée. Deux fois par jour l'eau fuit les côtes et deux fois par jour elle revient : se hissant contre la roche des falaises et sur le sable des plages, ruant les rivières à marées ou rampant vers les innombrables embouchures des marais de la côte. La vie près des côtes est souvent rythmée par le mouvement des marées. Les ports se vident entièrement, puis se remplissent rapidement. Les quais à un moment à flot peuvent être à sec l'instant suivant.
Personne sur un bateau ne devrait regagner ou quitter la rive sans connaître l'état de la marée ou le débit de la vague, et personne à pied ne devrait visiter le rivage sans savoir si l'eau monte vers le sable ou si elle retourne à la mer.
SOUCHES est une œuvre de littérature numérique créée par J. R. Carpenter. Cette œuvre a été commissionnée par Brian Stefans dans le cadre des
Third Hand Plays, et présentée en première par Open Space le 15 septembre 2011 au SFMOMA.
Le projet SOUCHES a été créé lors d'une résidence d'artistes soutenue par le centre d'art
Struts Gallery & Faucet Media Centre, à Sackville au Nouveau-Brunswick, Canada, entre les 22 mai et 26 juin 2011.
La galerie d'art Struts a pour mission de soutenir les initiatives d'artistes en accueillant des expositions, des performances, des colloques, des publications, des démonstrations, des ateliers, ainsi que des résidences. Merci John Murchie, Elli Hearte, Kristen Atkins, Rebecca Blankert, Amanda Fauteux, Andrew Maize, Elisabeth Belliveau, Jery Ropson, la bibliothèque de l'Université Mount Alison et, sincèrement, merci à toute la ville de Sackville. Je vous adore.
Les photographies ont été prises devant le chalet de
Linda Rae Dornan le 23 mai 2011. Ces images sont celles des extrémités des poutres de soutien de la digue qui protègent l'estran des hautes marées du détroit de Northumberland. Merci Linda pour ta compagnie, ton énergie et ta générosité de coeur. Pour ta voiture aussi, ta lampe, tes poutres et pour les longues promenades.
Merci à Maggie Pitts d'avoir partagé l'histoire de la tempête Saxby de 1869, tempête à laquelle se comparent maintenant toutes les autres tempêtes possibles, et aussi de m'avoir fourni la liste des données relevées par le marégraphe (à droite). Cette liste décrit la moyenne mensuelle des marées recensées dans la baie de Shediac, à partir du mois de ma naissance jusqu'à celui où j'ai quitté le Canada pour aller vivre en Angleterre. La jauge qui mesurait ces données a été détruite lors de la tempête qui a endommagé la digue de Linda Rae Dornan la nuit du 21 décembre 2010.
Le texte sur le marais de Tantramar est extrait de
Writing Coastlines: The Operation of Estuaries, Islands and Beaches as Liminal Spaces in the Writings of Elizabeth Bishop, un texte rédigé en résidence à Struts et présenté au colloque « It Must Be Nova Scotia: Negotiating Place in the Writings of Elizabeth Bishop » qui a eu lieu à l'Université King's College, Halifax, Nouvelle-Écosse, Canada, du 10 au 12 juin 2011. Merci à Sandra Barry et Sym Corrigan à Halifax.
Une version longue cet article ainsi qu'une analyse du contexte d'émergence de SOUCHES se retrouve dans la section 1.3 du premier chapitre de ma thèse de doctorat,
Writing Coastlines: Locating Narrative Resonance in Transatlantic Communications Netowrks. Merci à Phil Stenton.
Merci à Ariane Savoie, Alex Gauthier, à Mathieu Bourbonnière, Sonia Corbeil, Alexia Bernier, Marie-France Baveye et à la revue de littérature hypermédiatique bleuOrange pour la traduction en français de l'œuvre.
Finalement, un merci bien spécial à Jerome Fletcher pour son soutien depuis les deux rives de l'océan Atlantique.